Ouvrière vendeuse, elle devient manageuse d’équipe

Fin janvier 2020, à 33 ans, Delphine Bolzer s’est vu confier le management d’équipe, alors qu’elle était ouvrière pépiniériste et vendeuse. Juste un an après son arrivée à La Grande Pépi­nière, à Quimper*, dans le Finistère. Avec Linda et Erwana­ en tandem au marché aux fleurs, Amélie à la serre chaude et Lisa, saisonnière, elle a en charge la tenue et l’animation d’une grande partie du site couvert.

« Je dois veiller à la bonne mise en place des rayons, à l’étiquetage et à l’information, ainsi qu’aux arrosages. Tout le monde doit travailler dans le même sens, relate-t-elle. Parfois il faut rectifier des habitudes et des pratiques, ou mieux les harmoniser. En fait, je regarde la pépinière avec l’œil d’un client, pour que tout soit clair et facile­ pour lui, propre. J’aime ce contact avec les collègues de mon équipe et ceux des autres rayons. Il faut bien sûr trouver parfois les bons mots pour dire les choses et qu’on se comprenne bien. Avec mon passé, surtout en pépinière, je fais attention aussi à la prévention, par exemple travailler à deux au lieu de risquer de se faire mal au dos. » Delphine n’a jamais suivi de formation spécifique au management, et le poste vient juste d’être créé. Les entretiens annuels permettront de faire le point.

En plus de la gestion humaine, son activité consiste à « effectuer les commandes, rapatrier les plantes de nos sites de production, créer les codes de référencement, décider les emplacements, informer les ouvrières et vendeuses… Mais je dois aussi être polyvalente, comme aller en renfort aux caisses, si besoin. »

« Avec l’autonomie, j’ai pu m’impliquer »

Avant d’arriver à son poste actuel, Delphine a travaillé comme ouvrière pépiniériste et vendeuse. « J’ai eu environ un an pour faire mes preuves et l’on m’a fait confiance. J’ai pu me démarquer en prenant des initiatives personnelles, notamment pour des jardinières et des compositions thématiques… J’ai travaillé en tandem, surtout avec Erwana, qui s’occupe des annuelles et des vivaces. Il est important que ce tandem fonctionne, car la surface à gérer est assez grande. Je suis dyna­mique et, comme j’aime les défis, j’évolue et mon équipe aussi. Sans prendre trop de risque : je va­lide mes idées avant de faire des changements. »

Avant son entreprise actuelle, Delphine a travaillé pendant cinq ans en jardinerie, au rayon pépinière, en CDI. « Quand le responsable était absent, je m’occupais déjà des saisonniers. Ce qui me manquait, c’était de pouvoir innover. Il fallait en effet respecter la charte de la chaîne et il n’y avait pas de perspectives d’évolution. Je suis heureuse d’avoir franchi le pas et osé changer. »

Delphine avait passé un CAPA production florale et un BPA production pépinière, en apprentis­sage au CFA de Kerliver  (29). Deux diplômes très complémentaires, « suffisants pour moi qui n’aimait pas les études. À la mairie de Quimper, j’ai beaucoup appris sur les arbustes, la création de massifs, les gammes de végétaux… J’ai aimé travailler en production. » C’est notamment dans deux pépinières, entre 2010 et 2012, qu’elle avait forgé ses bases : les techniques culturales, la connaissance des végétaux, le conseil client, la formation des stagiaires.

Elle avait d’abord commencé son parcours dans le maraîchage, en tomate, avec des passages en cuisine et en usine, de jour comme de nuit, souvent en intérim, dans les Côtes-d’Armor et le Finistère. « Ces périodes m’ont appris le rendement, la précision, le rythme ! »

« La passion du végétal, je la tiens depuis que je jardinais chez mes parents. Alors, l’apprentissage à 17 ans, c’était le bon âge. Je reste étonnée de mon évolution : passer d’ouvrière vendeuse à responsable d’équipe, je ne pensais pas que cela pourrait se faire si vite, même si nous l’avions évoqué lors de l’entretien d’embauche. J’ai eu un peu peur, mais je trouve que je me suis transformée. Je prends chaque saison comme un défi. Quand les clients sont satisfaits, c’est notre récompense à tous. Le sentiment du travail bien fait. »

*« La Grande Pépinière à Quimper, une vaste parenthèse végétale­ », Le Lien horticole n° 1097 de juillet-août 2020.